• Essai sur l'amour

    L’Amour


    « La vie, ce n’est jamais si bon ni si mauvais que ce que l’on croit », voilà les derniers mots d’Une Vie, écrits par Maupassant. Mots simples et concis, qui expriment de manière juste ce qu’est la vie, pouvant bien souvent être tout à fait médiocre. Ce résumé aurait été tout à fait véridique, s’il n’y avait ce sentiment décuplant tout, permettant de faire face à toute épreuve, inspirant les paroles des plus belles chansons, créant les vers des plus intemporels poèmes : l’amour.
    Là où Dostoïevski voit la beauté, j’y place l’amour. Sentiment de toutes les époques, traversant non seulement les corps, mais aussi l’espace-temps; il ne faut toutefois pas omettre qu’un lien si puissant peut rapidement devenir synonyme de destruction.
    Fort et fragile, simple et complexe, à la fois mur et pont, quelle architecture choisir ? Comment faire de la vie quelque chose de simplement bon, sans en périr ?

    L’amour comme remède à l’absurdité de la vie
    Si l’absurde est le constat d’une absence de raison d’être, l’amour y apporte un remède. Il est cette raison même que cherche un Homme dans une vie emplie de solitude. À ce titre, il est bel et bien malheureux de croupir seul dans une chambre un soir de mauvais temps; mais ajoutez-y celle que vous aimez, et l’expérience sera toute autre.
    L’amour transforme. Oui, il déforme les visages de désir. Il n’a besoin d’être prononcé, ni vu. Il se ressent, et pourtant va bien au-delà de nos sens.
    Il n’y a rien de plus beau que deux corps entremêlés, noués autour d’un amour les transperçant. Le cœur n’a qu’une seule bouche.
    L’amour n’a pas de raison, Paul Éluard disait « j’aime pour aimer et je mourrai d’amour ». Seul sentiment capable de provoquer de tels émois, source d’un bonheur absolu, faisant sourire au rappel d’un simple souvenir, et frémir à l’effleurement de la peau, il n’y a pas plus beau moteur de vie que celui d’être aimé.
    Les gens qui s’aiment ne sont là pour personne, et c’est seulement leur ombre qui tremble dans la nuit. Ils sont d’ailleurs bien plus loin que la nuit, bien plus haut que le jour, dans l’éblouissante clarté de leur amour.
    La ménagère, si elle supporte de faire chaque jour ce travail si répétitif, c’est parce qu’elle ne sera pas seule, en rentrant. Et elle préfère entendre des râlements, que le bruit du vent.

    Et si l’on tremble tant à l’idée de se lancer, c’est par peur de voir la danse se terminer. Une émotion si forte, ne vaut-elle pas qu’on lui impose certaines limites ?

    L’amour, un bien frêle oiseau
    Si les oiseaux se posent sur des branches si fines sans craindre de tomber, ce n’est pas parce qu’ils ont confiance en leur solidité, mais parce qu’ils savent qu’ils pourront toujours s’envoler.
    Ainsi, se livrer complètement à quelqu’un est synonyme de danger. L’amour doit, dans une certaine mesure, être limité. Se mettre à nu, littéralement, mais aussi d’une manière imagée, c’est permettre à l’autre de nous atteindre, c’est le laisser pénétrer sous notre peau. Cette paroi est si fine, nous laisse à sa merci. C’est là toute la complexité de l’amour : savoir se laisser aller, mais de manière mesurée, sans pour autant tout contrôler.
    L’amour se construit autour d’une confiance mutuelle. Mais cette dernière est bien plus fragile que les ailes de l’oiseau. Nietzsche disait « ce qui m’attriste, ce n'est pas que tu m'aies menti, c'est que désormais, je ne pourrai plus te croire ».
    Car l’amour est avant tout un choix: celui de, chaque jour, rester. Celui de dire la vérité. C’est ce qui le rend si frêle, partager c’est aussi faire reposer cela sur le partenaire, dont les actes sont hors de notre portée. Et à l’égard de la loi de Murphy, plus on craint d’être trompé, plus on augmente les chances que cela nous arrive. Il faut donc rester détaché, mais cela de la personne avec qui on veut se lier.
    Que l’amour est contrasté !
    Quoi de plus douloureux qu’une peine de coeur, que Guillaume Apollinaire savait si bien décrire : « J’ai cueilli ce brin de bruyère. L’automne est morte souviens-t’en. Nous ne nous verrons plus sur terre. Odeur du temps brin de bruyère. Et souviens-toi que je t’attends ».


    L’amour est si vaste
    Ici nous nous sommes concentrés sur l’amour entre deux êtres. Mais nous oublions si facilement qu’il nous entoure. L’amour est partout.
    L’amour, c’est les cartes postales que l’on envoie alors que l’on n’a rien à raconter. C’est le proche qui répond à l’appel passé en plein milieu de la nuit. C’est les verres d’eau remplis sans rien demander. C’est l’insecte sauvé de la noyade. C’est obliger à mettre de la crème solaire. C’est les fleurs séchées, les magnets sur le frigo, le dessin encadré. C’est le pain frais ramené le matin même, la sortie organisée, la serviette partagée. C’est sourire à la dame dans la rue, l’invitation à une soirée, le bol de chips plein à craquer.

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